Vendredi fin de journée. Enfin ! Week-end en vue ! Après s'être débattu.e.s dans l'océan de cette semaine agitée, il est temps de toucher terre et de prendre du temps pour se la couler douce. Prendre le temps de respirer, de regarder, de sentir, de goûter. Prendre le temps de prendre le temps. Parce qu'il file toujours trop vite celui-là si on ne l'arrête pas.
Et si on essayait ? Apprivoiser l'instant présent, non pas pour le mettre sous cloche, mais pour le regarder droit dans les yeux et savourer avec lui toute l'ampleur de son envergure, le temps d'un week-end. Je vous propose de mettre les voiles vers un endroit sauvage et de caractère. Un endroit où le bruit des vagues s'écrasant sur les rochers se confond avec le rythme de notre souffle. Lent et puissant. Cap sur la presqu'île de Quiberon !
Cette péninsule est située au sud de la Bretagne et s'étend sur environ quatorze kilomètres de long et entre un et trois kilomètres de large. Tournée vers l'ouest, la Côte Sauvage s'expose aux vents et aux vagues de l'océan Atlantique, offrant des falaises spectaculaires et des criques isolées. À l'est, la Côte Baignée, plus abritée, offre des plages de sable fin et des eaux plus calmes. La Côte Sauvage, granitique, qui s’étend sur une dizaine de kilomètres depuis le Château Turpault jusqu’à Portivy, se découvre par les sentiers, à pied ou à vélo. On retient son souffle devant les falaises abruptes, on prend une pause sur les plages de Port Bara et de Port Rhu, on attend la marée basse pour passer sous l'Arche de Port Blanc, creusée par les flots. Pour profiter de la Côte Baignée, on emprunte le GR 34, appelé aussi le Sentier des Douaniers, depuis Saint-Pierre de Quiberon jusqu'à la pointe du Conguel. C'est environ une dizaine de kilomètres qui longent les plages du Rohu, du Petit Rohu, du Vahidi, du Porigo, du Fort Neuf et de l'aérodrome, avant d'arriver à la plage... Du Conguel.
Arrêt sur image à la Pointe du Conguel. Située à l'extrême sud de la presqu'île et placée sous la protection du Conservatoire du Littoral, ce spot est un lieu privilégié pour la promenade. On y découvre d'anciens fours à goémons, algues brunes rejetées par la mer, appelés aussi "varech". Les cendres obtenues étaient traitées pour en extraire l'iode. Un sentier fait le tour de la Pointe et nous mène vers une table d'orientation. Au large, émergent deux îlots : le "petit trou" accessible à pied aux grandes marées et le "grand trou" où furent découvertes des sépultures gauloises. Plus loin, sur un banc rocheux, on aperçoit le phare de la Teignouse.
En remontant vers le nord, en direction de Plouharnel, on a tout intérêt à aller se balader dans la forêt domaniale de Quiberon-Plouharnel. Cette forêt de pins est située à l'entrée de la presqu'île. Bordée d’un côté par les dunes domaniales et de l’autre par la fameuse plage des Sables blancs, longue d'un kilomètre et demi. Connue pour son environnement naturel et sauvage, elle est parfaite pour piquer une tête, surfer, essayer le kitesurf ou la pêche à pied, découvrir le kayak de mer...
La pêche à pied ?! On dit oui à cette activité méditative ! Imaginez une seconde que la mer se soit retirée, laissant apparaître l'estran, cet espace maritime que l'on découvre à marée basse. C'est à ce moment-là que l'on s'équipe de bottes et d'un panier, à la recherche de coquillages et crustacés. Laissant ses pensées se bousculer jusqu'à ce qu'elles finissent par disparaître. Une page blanche de notre mental s'ouvre sur ce terrain brillant. On se concentre, on se focalise et l'instant présent pointe le bout de son nez... Sur la Plages des Sables Blancs jusqu’à l’Isthme de Penthièvre coté baie, on peut trouver des coques, des palourdes, des moules, des huîtres, des pétoncles, des crabes et des crevettes. À la pointe du Conguel, on trouve aussi des tellines, des couteaux, des bigornaux, et même des coquilles Saint-Jacques ! Bien sûr, on est vigilant aux horaires des marées, et aux restrictions de pêche en vigueur.
L'heure du déjeuner approche... Il est temps d'aller faire un tour à la conserverie la Belle-illoise de Port Maria, située sur le port de Quiberon pour découvrir ses célèbres conserves de poisson. C'est au détour d'une visite de quarante cinq minutes que l'on découvre l'histoire et le savoir faire de ces artisans qui, au fil des années, ont perpétué ces gestes du poisson frais à l'emboîtage. Sardines à l'huile d'arachide et citron, aux baies de Batak et au curcuma, au poivre vert et au Kumquat, au piment d'Espelette et jambon de Bayonne, au pitomaïl (piment + tomates + ail)... Émiettés de Thon poivron, coco, citron vert et colombo, aux saveurs de la garrigue, aux pruneaux et épices façon tajine. Rillettes de Lieu aux baies de Sichuan, crème de Sardine au whisky, tartinable de moules au curry, thoïonade olives et câpres, tartare d'Algues de Bretagne... La liste est longue et nos papilles nombreuses. Les visites se déroulent du lundi au samedi, sans réservation. Il suffit de se présenter devant la conserverie quinze minutes avant le début de l'heure des visites. Pour terminer sur une petite note sucrée, on se rend à la Biscuiterie de Quiberon située place Hoche et on repart avec un kouign-amann (gâteau frais à base de pâte levée feuilletée, de beurre demi-sel et de sucre caramélisé), quelques galettes et palets bretons au beurre de baratte, un pot de caramel au beurre salé et une poignée de bonbons au caramel ! Voilà... C'est l'heure de la sieste.
Il ne nous reste plus qu'à retourner sur notre plage adorée, celle découverte au détour de notre balade matinale. S'allonger sur le sable, fermer les yeux. Se laisser bercer par le fracas des vagues sur le sable ou sur les rochers. Sentir son mental s'envoler. Laisser l'instant présent s'échapper sans culpabilité. Flotter dans cet espace sans montre et sans but.